Les prémices d’un redressement (1938-1948)

  • La réhabilitation du Laboratoire Marion

Pour remédier à la situation, le nouveau doyen de la Faculté des Sciences de Marseille, Georges Corroy sensible aux problèmes que traverse Endoume, parce qu’ayant travaillé sur le site, va en 1938 concrétiser l’action entreprise par son prédécesseur, à savoir la rénovation du Laboratoire Marion, et du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille. Cette réhabilitation, va se faire notamment avec l’appui du vieux professeur Albert Vayssière, alors à la retraite.

phpetit2-halfC’est dans ce cadre, que le poste de sous-directeur est officiellement rétabli en 1938. C’est George Petit, Maître de conférences en Biologie animale à la Faculté des Sciences de Marseille, qui va en assumer la charge.

C’est aussi en 1938, qu’un enseignement de Biologie marine est institué sur place, ce qui permet d’accueillir des étudiants, pour une formation spécifique. Le terrain devant le bâtiment, est nivelé, et recouvert d’asphalte. La Faculté fait installer le chauffage central, tandis qu’elle réorganise et rouvre l’Aquarium.

  • La réouverture de l’Aquarium

La réouverture officielle pour le public, a lieu le 30 mars 1938. La nouvelle structure, due aux architectes de la Faculté, Rozan et Draveton, vise notamment à faciliter l’entrée et les visites du public, et mieux protéger les salles des intempéries en améliorant l’isolation. Les canalisations d’eau de mer, ainsi que l’éclairage spécifique des aquariums ont été améliorées. Le nombre de bacs a été porté à 18. Tout y est favorisé pour offrir de meilleures conditions d’existence à la faune, et à la flore présente sur place, aussi bien que pour faciliter les conditions d’observation.

  • Le Laboratoire Marion devient la Station Marine d’Endoume

C’est aussi dans cette contexte de réorganisation, que le laboratoire Marion est rebaptisé officiellement « Station Marine d’Endoume », en 1939. Nom que le site a conservé à travers bien des péripéties administratives ultérieures, et qu’il conserve encore aujourd’hui.

Cette rénovation s’accompagne d’une diversification des activités du Centre, puisque la même année, le conseil de la Faculté vote favorablement pour l’installation d’un laboratoire sur l’étude biologique de la Camargue, dans les locaux d’Endoume. Celui-ci va occuper le rez-de-chaussée de la Station Marine d’Endoume, et Georges Petit en est nommé directeur. Ce laboratoire à ce moment-là va dépendre d’un organisme qui vient lui aussi tout juste d’être créé, le Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S.).

  • Une nouvelle orientation, malgré le contexte de la seconde guerre mondiale

Cette période particulière marque aussi une étape importante dans la vie scientifique de la Station Marine d’Endoume. En effet en 1940, alors que M. Kollmann en est toujours le directeur, Jules Rouch, capitaine de vaisseau, professeur à l’Institut océanographique de Paris, plaide en faveur de l’installation d’un laboratoire d’Océanographie Physique à la « station de biologie marine d’Endoume ».

Ce laboratoire, d’après lui, doit remplir deux objectifs :

  • Premièrement réaliser des observations régulières sur les principaux éléments physiques et chimiques; deuxièmement, permettre des recherches spéciales, pour mettre en relief l’interdépendance des phénomènes.
  • Il propose en outre que l’enseignement dispensé, comprenne une dizaine de conférences par an, rattachées, soit au programme de la physique du globe, soit à la géographie physique.

La Station Marine d’Endoume dispose alors de deux petits bateaux, pour les travaux réalisés sur place. Il s’agit d’une part du PROFESSEUR MARION, ancré au Vieux-Port qui permet de faire des prélèvements côtiers, pour étudier entre autres les espèces vivant dans la zone littorale. L’autre embarcation, la GIRELLE, est plus petite que la précédente, et se trouve entreposée près de l’Anse des Cuivres où elle est soumise aux intempéries.

Cependant, en 1941, un slip et un garage, sont construits au fond de cette calanque, ce qui permet de protéger un peu la petite barque contre les dégradations diverses. La même année un patron-pêcheur marseillais met son chalutier le SAINTE-JEANNINE à la disposition des membres de la Station pour une série de dragages nécessitant un navire plus important que ceux dont ils disposent alors.

Pendant la guerre, l’orientation des recherches sur le site camarguais s’étend, à travers les travaux du laboratoire pour l’étude biologique de la Camargue, dont on a vu qu’il était installé dans les locaux d’Endoume. Mais au début de l’année 1942, et apparemment sous l’impulsion de Georges Petit, la Station Marine d’Endoume elle-même oriente une partie de ses recherches en direction de l’Etang de Berre. Une maison est d’ailleurs louée à Martigues, qui doit servir à abriter un laboratoire, annexe d’Endoume.

Ce nouveau laboratoire marque une étape dans l’évolution des travaux de la Station : en effet, et apparemment pour la première fois de son histoire, le Centre élargit son champ d’étude au-delà du domaine strictement marin.

Au mois de mars 1942, une série de conférences portant sur l’Océanographie physique faites par Jules Rouch, se déroulent à la Station Marine d’Endoume. Il aura fallu attendre près de deux ans pour qu’elles voient le jour.

La même année, l’affaire avec l’Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes trouve finalement un règlement après cinq ans de pourparlers. En effet il semble que la Station Marine cède finalement deux pièces en vue d’abriter cet organisme. Ainsi les locaux de la Station Marine d’Endoume, accueillent l’O.S.T.P.M. (Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes) en échange du versement d’une indemnité, pour l’année.

  • Suite de l’affaire de la villa Nord-Cap

Le 22 mars 1943, à la suite de nouvelles délibérations, le conseil municipal vote l’expropriation de la villa « Nord-Cap », pour l’agrandissement de la Station Marine d’Endoume, huit ans après donc la première décision qui est apparemment restée lettre morte.

Toujours en 1943, mais le 18 novembre, le Préfet en poste à cette époque, et qui administre la Ville de Marseille, publie un arrêté qui demande une enquête parcellaire sur la villa en question, et le 17 décembre un avis d’enquête sur le projet, est déposé au 17 avenue Montgrand, à l’annexe des bureaux de l’Hôtel de Ville. Apparemment l’administration municipale a trouvé que l’affaire a assez duré, et veut en finir.

En 1946, la municipalité marseillaise finit par acheter, la villa « Nord-Cap » afin de la mettre au service de la Station Marine d’Endoume. Le 4 juin 1946, le Préfet des Bouches-du-Rhône publie enfin un arrêté qui déclare d’utilité publique la réquisition de la villa « Nord-Cap » par la Ville de Marseille. Un arrêté est pris le 17 septembre 1946, et déclare la cessibilité immédiate de la villa « Nord-Cap ». Cette acquisition, qui reste la propriété de la Ville de Marseille, va notamment servir à loger les chercheurs de passage qui commencent à venir de plus en plus nombreux, pour travailler à la Station marine d’Endoume.

Après la seconde guerre mondiale, en 1945, la France qui se relève lentement après l’Occupation, entre dans une période de reconstruction, qui va durer quelques années. Dans ce contexte, le monde scientifique va connaître une période, où l’orientation de la recherche est redéfinie. Ce qui se passe à Marseille, à la Station Marine d’Endoume, va être par la suite indissociable de l’évolution de la recherche scientifique au niveau national.

Au mois d’octobre 1947, Jean Marie Pérès arrive à la Faculté des Sciences de Marseille, et en tant que Maître de conférences, il enseigne la zoologie, et la zoologie comparée. Dans le même temps il occupe le poste de sous-directeur de la Station Marine d’Endoume, laissé vacant après le départ de Georges Petit, qui est à ce moment-là appelé à assumer la direction du laboratoire de Banyuls-sur-mer.

 

La suite…

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