Naissance d’un laboratoire à Endoume : les péripéties d’une construction difficile (1879-1889)

  • Des locaux insuffisants

L’activité scientifique relative à la Zoologie marine se développant, il devenait évident que les deux pièces allouées par la Faculté n’y suffisaient plus, et que le problème appelait une réponse adéquate. A cet effet, Marion envisage sérieusement le fait que le laboratoire doit disposer de ses propres locaux. Il entreprend alors de multiples démarches auprès des pouvoirs publics, en vue de faire accepter son projet d’un laboratoire ayant l’accès direct à la mer, et il choisit, comme site un endroit situé à la pointe d’Endoume. En France même il y avait déjà eu quelques fondations dont celles de Concarneau et de Roscoff. Alors qu’en 1878, Marion demande la création d’un laboratoire à la pointe d’Endoume, d’autres villes, comme Montpellier, Nice, Cannes, ou Sète se portaient aussi candidates pour accueillir des stations de zoologie marine. En effet à cette époque il n’en existait aucune sur la façade méditerranéenne de la France. L’emplacement choisi, se situe dans le quartier d’Endoume, et un des problèmes à résoudre, est de faire déclasser le terrain de la Batterie des Lions, construite en l’an II (1794), qui appartient toujours à l’armée.

  • Davmar10Le premier projet

En 1879, un premier projet est présenté à la mairie de Marseille. Celui-ci peut se décrire comme suit :

  • Un bâtiment s’élevant sur deux étages doit contenir deux aquariums, un cabinet de travail, une salle d’étude, ainsi qu’un logement de gardien.
  • Au fond de la crique un bassin est prévu pour contenir des animaux de grande taille. Ce bassin doit être alimenté par une pompe (vapeur ou hydraulique le choix n’est pas fixé).
  • Le corps de la construction, doit être surélevé par un socle, ainsi qu’un escalier principal relevant de la même somme.
  • Enfin sont prévues plusieurs portes à deux battants ornées, de haut en bas par des sculptures représentant des animaux marins (crabes, poissons…), la superficie de la construction étant de 4177 mètres carrés selon les plans.
  • Le changement d’affectation de la Batterie des LionsDavplane

Il semble cependant, que durant les trois années qui s’écoulèrent ensuite, le budget fut maintenu lors des différents votes, mais sans qu’une décision ferme de démarrage des travaux soit prise. Le projet resta semble-t-il en l’état, jusqu’à ce que la Chambre des Députés se décide, le 4 janvier 1883, à faire déclasser le terrain militaire de la Batterie des Lions, pour le céder au ministère de l’Instruction Publique, qui va en laisser la jouissance à la Faculté des Sciences de Marseille, en vue de la construction d’une station zoologique.

  • Les complications

Au mois de mai 1884, la mairie décide de suspendre momentanément la construction, avant d’opter pour l’arrêt pur et simple des travaux, en novembre, et ce pour une durée indéterminée. Pour justifier sa décision, la mairie évoque les changements survenus par rapport au projet initial, et décide, en ce qui concerne l’entrepreneur, de ne pas l’indemniser pour les changements réalisés.

Les entrepreneurs alors tentent une action judiciaire contre la Ville, en saisissant le Conseil de Préfecture des Bouches-du-Rhône. Le Conseil de Préfecture, après presque deux ans de tractations judiciaires diverses, donne raison aux entrepreneurs, et la ville est condamnée à indemniser les plaignants. L’interruption des travaux d’Endoume, outre une perte de temps et d’argent, a entraîné de sérieuses dégradations sur les constructions déjà réalisées.

  • La situation s’améliore

Les élections municipales de mai 1886 portent Félix Baret à la Mairie. Cette redistribution des cartes va permettre de faire avancer les choses. En effet, Paul Gourret, élu sur la liste Baret, va pousser à l’achèvement du laboratoire en construction. Au début du mois de septembre de la même année, il a d’ailleurs demandé à l’architecte de la Ville de réaliser un nouveau devis.

La période de la conception du nouveau laboratoire s’achève donc. Les péripéties en ont été nombreuses, et de multiples problèmes ont sous-tendu le projet. Entre la première décision en 1879, et la construction définitive, il s’est écoulé un laps de temps d’une dizaine d’années. Or, pendant cette période, deux stations marines ont été aménagées en France, sur la façade méditerranéenne : il s’agit de Banyuls-sur-mer, et de Villefranche-sur-mer, cette dernière étant une création du gouvernement impérial russe. Paradoxalement Marseille, après avoir accueilli un des premiers laboratoires de zoologie marine en France, se trouve relativement en retard pour faire construire une station marine en bord de mer.

La suite…

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