Vers une renommée internationale (1948-1968)

Au cours des années d’après-guerre, une nouvelle génération de chercheurs commence à émerger, qui va révolutionner les conceptions océanographiques. Dans les grands laboratoires maritimes, qui dépendent de l’Université de Paris, comme Roscoff, Banyuls, ou Villefranche, on dispensait jusque là des enseignements, non seulement sur des compléments de zoologie, et de botanique marine, mais également sur des rudiments de biologie marine, cependant, sans encore faire référence à l’écologie. Ce n’est que dans les années 50 que cette science connut ses premiers balbutiements, mais pendant cette période le terme « écologie » reste encore peu utilisé.

  • La direction de Jean-Marie Pérès (1948-1983)

En octobre 1948, Jean-Marie Pérès est choisi pour occuper la direction de la Station Marine d’Endoume, à la suite de M Kollmann. La sous-direction, quant à elle, est de nouveau supprimée, le nouveau directeur choisissant de ne pas renouveler le poste. phperes2-half

A cette époque, la Station Marine n’abrite pour tout personnel, à part le nouveau directeur, qu’un garçon de laboratoire et un concierge. Au total donc trois personnes, et des moyens financiers plus que limités. Les observations en 1948, se réalisent encore en effet avec « les moyens du bord » comme on dit. Aussi, l’aide plus ou moins bénévole des pêcheurs ou des premiers plongeurs autonomes est, semble-t-il, la bienvenue.

  • La rénovation de la Station Marine d’Endoume

Pour améliorer la situation, Jean-Marie Pérès demande une subvention au directeur de l’Enseignement Supérieur, pour remettre en état les installations d’Endoume. Le 16 avril 1948, en réponse à cette demande, le Conseil de l’Université accorde un crédit pour la Station Marine et se prononce en même temps, pour que le site soit transformé en Institut d’Université.

Ce changement de statut administratif, signifie que l’Etablissement qui est toujours resté depuis sa création en 1869 dans les locaux des Allées de Meilhan, dépendance de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, passe directement sous tutelle universitaire. Ce changement marque une date dans l’histoire du laboratoire, car c’est le premier changement d’affectation du centre.

Les crédits que le directeur de l’Enseignement Supérieur de l’époque débloque alors pour la réorganisation de l’Etablissement, servent aussi pour remettre à neuf l’Aquarium. Dans ce cadre l’Aquarium d’Endoume, après réorganisation rouvre ses portes au public pour la troisième fois en 1948.

A cette occasion le gardien-pêcheur de la Station Marine d’Endoume, Jean Laggi, est nommé par la Faculté des Sciences de Marseille au poste de régisseur des recettes de l’Aquarium.

Le champ d’action des chercheurs de la Station Marine d’Endoume relève encore à cette époque essentiellement du milieu méditerranéen. Les travaux effectués sur place portent alors essentiellement sur le benthos, le pélagos, la sédimentologie, et la géologie marine. On voit que la diversification qui a déjà commencé à être observée se poursuit. L’Etablissement accueille alors quelques étudiants qui viennent sur place en vue de passer leur Diplôme d’Etudes Supérieures en Biologie marine. Cet enseignement spécifique avait été institué à Endoume par Georges Petit et Georges Corroy, pour tenter de revitaliser cette discipline, en même temps que la Station elle-même.

  • L’évolution des recherches

Dès 1949, Jean Marie Pérès ne limite plus seulement ses recherches à l’anatomie et à la physiologie des animaux marins, mais cherche de plus en plus à traiter du peuplement marin et des rapports des organismes avec leur milieu. Il va aussi s’entourer de collaborateurs, tels que Jacques Picard, zoologiste lui aussi, qui arrive sur place cette année-là, et va se spécialiser dans l’étude du benthos, en commençant par prospecter dans le golfe de Marseille.

La collaboration des deux hommes va participer au renouveau de la Station, et progressivement étendre le champ de ses investigations. Cette ouverture vers d’autres domaines de l’océanographie va en faire un organisme pluridisciplinaire. Les chercheurs qui vont peu à peu venir travailler à Endoume apportent chacun leur savoir-faire dans un domaine particulier de l’Océanographie.

On peut dire qu’il s’agit d’un glissement vers une conception écologique des problèmes liés aux écosystèmes marins. En effet, les recherches effectuées sur place, pendant plusieurs dizaines d’années, se sont essentiellement axés sur l’aspect zoologique et biologique des spécimens étudiés. Chaque espèce était considérée en tant que telle.

Mais progressivement les scientifiques en sont venus à se pencher sur la composition, la structure, et l’assemblage des animaux marins, ainsi que sur l’étude de leurs biotopes. Les scientifiques d’Endoume commencent donc par se spécialiser sur des problèmes de zoologie marine, avant de franchir une étape et de s’intéresser aux interactions des organismes avec le milieu dans lequel ils évoluent.

  • Une première revue autonome

L’année 1949 voit aussi la parution du premier fascicule du Recueil des Travaux de la Station Marine d’Endoume, qui va servir à publier, et à diffuser les résultats des recherches effectuées sur place. Le fait d’avoir son propre organe de publication, a permis à ce laboratoire de multiplier les échanges avec d’autres sites scientifiques, aussi bien nationaux, qu’internationaux, et d’agrandir par là même le stock de documentation de sa bibliothèque. Il faut dire qu’au cours de son histoire, la documentation disponible du laboratoire a subi des amputations de toutes sortes, notamment on l’a vu pendant la première guerre mondiale. Mais en cette période, le fonds d’ouvrages et de publications scientifiques d’Endoume commence à se renouveler, et va, au cours des années qui suivent, augmenter de manière conséquente.

  • Un premier pas dans la politique d’agrandissement

Au début des années cinquante, pour faire face aux activités qui se multiplient, et l’exiguïté des locaux existants, J.M. Pérès décide d’entreprendre l’agrandissement de la Station Marine d’Endoume. En effet, face à l’essor du site, les scientifiques dont le nombre commence à croître sur place, se trouvent à l’étroit dans les locaux existants.

Dans ce but l’Architecte en chef de la Ville de Marseille établit un premier plan pour l’extension du site, mais celui-ci est laissé en sommeil pendant deux ou trois ans, avant qu’il ne prenne forme véritablement.

En 1951, la Station marine d’Endoume fait l’acquisition d’un chalutier de 14 mètres de long, sur 4,20 mètres de large, le GYF. Ce navire va faciliter les recherches de ceux qui travaillent sur place. C’est aussi à partir de ce moment-là que les candidats pour la Licence de Biologie marine commencent à venir en nombre, étudier à Endoume. Davmar6-2

Le 30 janvier 1953, pour faire avancer la situation concernant l’extension Jean-Marie Pérès écrit au doyen de la Faculté pour lui soumettre, de nouveaux plans détaillés, élaborés par l’architecte, pour l’agrandissement de la S.M.E. ainsi qu’un devis donne une évaluation du prix de l’ensemble.

Le Conseil de la Faculté, lors d’une séance au mois de février 1953, examine le nouveau dossier et adopte à l’unanimité le devis proposé pour la construction d’une aile ouest, en façade sur la Rue de la Douane et attenante au bâtiment de la Station d’origine.

Au début de l’année 1953, les chercheurs et le personnel technique de la station, forment un tout une vingtaine de personnes qui se partagent une dizaine de pièces. Le site a accueilli au cours de l’année 1952, douze chercheurs de passage. Dans ces conditions, il devenait donc assez urgent d’agrandir les locaux déjà existants, pour améliorer les conditions de travail, et faire face à l’explosion de l’Océanographie au cours de cette période, ce qui nécessairement implique une demande d’espace accrue.

  • Le premier D.E.A. d’océanographie biologique est créé à Endoume

En 1954, les deux premières chaires d’Océanographie dépendant de l’Université française, se mettent en place. L’une en Océanographie biologique, est attribuée à la Faculté des Sciences de Marseille, et dépend du professeur Jean Marie Pérès, alors que l’autre, en Océanographie physique, est rattachée au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

C’est la première fois qu’un tel enseignement fait son entrée dans une université française, 50 ans après la création du premier enseignement par le prince Albert Ier, à l’Institut Océanographique.

Dans le cadre de ces créations, Gaston Berger le directeur de l’Enseignement Supérieur décide au mois de novembre 1954, d’instaurer des Diplômes d’Etudes Approfondies d’Océanographie biologique et Biologie marine à la Station Marine d’Endoume, pour les étudiants du troisième cycle universitaire. C’est une date importante car il s’agit des deux premiers D.E.A. d’Océanographie, en France, et au cours de l’année universitaire 1954-1955, il y a déjà quatre étudiants qui suivent cet enseignement.

  • Le « Boom » de l’Océanographie

En 1954, les deux comités de programmes océanographiques qui viennent d’être créés, se réunissent pour la première fois à la Station Marine d’Endoume, notamment pour définir les différents axes d’orientation de la recherche. Au cours de cette période les chercheurs de la S.M.E. participent aussi aux différentes campagnes en haute mer de la CALYPSO.

Les chercheurs commencent à utiliser les premiers engins d’exploration des profondeurs comme le bathyscaphe FNRS III, ou la soucoupe plongeante, à partir de 1960, pour élargir le champ de recherche de leurs travaux, et ne se contentent plus de simples dragages, ou de sondages, même si ceux-ci continuent, et vont continuer de se pratiquer.

C’est donc véritablement au cours des années cinquante, que le tournant de l’océanographie est pris, grâce notamment aux actions combinées du Directeur Général du C.N.R.S., Gaston Dupouy, et de Gaston Berger le Directeur Général des Enseignements Supérieurs, qui encouragèrent entre autres le redémarrage de la Station Marine d’Endoume.

Et c’est justement à Endoume, que le virage de l’Océanographie est amorcé, et suivi peu de temps après par divers laboratoires maritimes. Endoume est aussi à l’origine du développement de cette discipline au sein des universités de sciences.

Au mois d’octobre 1955, le Conseil de la Faculté des Sciences de Marseille vote une subvention pour soutenir la réalisation des bâtiments en projet mais aussi comme aide à la diffusion des Recueils de la Station Marine d’Endoume. Ce soutien montre l’importance que commencent à acquérir les travaux des membres du centre.

  • La fermeture définitive de l’Aquarium

L’année 1958, correspond à la fermeture définitive de l’Aquarium. En effet après soixante-dix ans de vie plus ou moins chaotique, au service des scientifiques, et du public marseillais, il est définitivement évacué, pour que puissent s’organiser de nouveaux laboratoires de recherche, sur son emplacement.

A ce moment-là, Pérès veut récupérer le maximum de place dans les locaux pour faire face à la demande grandissante d’étudiants et de chercheurs qui veulent être accueillis à la S.M.E. A cet effet il fait aussi aménager quelques pièces en hauteur, certains plafonds s’élevant initialement à cinq ou six mètres au-dessus du sol.

  • Le bâtiment 2

Alors que les travaux du Bâtiment 2 semblent toujours, plus ou moins, au point mort, l’attention que porte Gaston Berger au développement de la Station Marine d’Endoume, l’afflux d’étudiants, et le choix du lieu pour la première réunion, en vue de la mise au point des programmes océanographiques, ont peut-être contribué à faire avancer l’affaire. Toujours est-il qu’en 1958, la construction de l’aile ouest est achevée.

Cette extension des locaux sur une surface de 650 mètres carrés sert alors à organiser de nouveaux laboratoires, et à aménager les appartements de Jean-Marie Pérès, qui devient ainsi le deuxième directeur à loger sur place, cinquante-huit ans après Antoine-Fortuné Marion.

  • L’ANTEDON : la construction par la station de son premier chalutier océanographique

Au début de l’année 1958, l’ANTEDON un chalutier de 16 mètres sur 5, sort des chantiers navals, pour remplacer le GYF. Ce dernier avait été acheté, mais non conçu au départ comme un chalutier océanographique. L’ANTEDON, au contraire, est construit spécialement pour la Station Marine d’Endoume, en vue de travailler sur le benthos : il va bénéficier d’une partie de l’équipement du GYF. Celui-ci est désarmé en janvier 1958, et remis aux Domaines.

En 1958, sort aussi la première édition d’un ouvrage, signé Jean Marie Pérès et Jacques Picard, intitulé Nouveau Manuel de bionomie benthique de la mer Méditerranée, ouvrage qui tente de distinguer l’existence de différentes biocoenoses (associations d’être vivants et de leur milieu) au niveau des fonds marins. La sortie de ce livre reflète les progrès réalisés dans ce domaine par les membres de la Station Marine d’Endoume, mais aussi, c’est la concrétisation d’une véritable « école » d’Ecologie marine dont Endoume est le centre, comme, en son temps, Marion avait été à l’origine d’une école de Zoologie marine.

  • Le C.O.M.E.X.O.

Financé jusqu’à présent, pour son fonctionnement par la Faculté des Sciences, la Station Marine va profiter d’une autre source de financement. En effet, en 1960 le gouvernement français décide la création de la D.G.R.S.T. (Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique), relevant du Premier Ministre. Dès 1969, celle-ci installe le C.O.M.E.X.O. Un Comité d’Exploitation des Océans.

L’action de ce comité central de coordination permet entre autres de débloquer des crédits conséquents pour le développement des recherches en Océanographie, et de doter cette science des infrastructures et des moyens matériels nécessaires.

  • L’ALCIOPE : Le second chalutier océanographique de la Station Marine d’Endoume

La Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique a ouvert pour l’année universitaire 1961-1962 un crédit pour la Station Marine d’Endoume. Le choix de l’utilisation de cette somme se porte sur la construction d’un chalutier océanographique de 18 mètres. Il s’agit de l’ALCIOPE, opérationnel en janvier 1964.

Davmar7A la différence de l’ANTEDON, destiné essentiellement aux dragages et chalutages, cette nouvelle unité est conçue, au départ, comme devant permettre la réalisation de mesures et d’analyses en mer, et pour cela est pourvue d’un petit laboratoire. Son aménagement spécifique, est pensé, afin d’intégrer les nouvelles orientations de l’Océanographie.

Chacun de ces deux chalutiers a « sa » spécialité. On peut dire, qu’à l’ANTEDON, revient le travail sur le benthos, tandis qu’à l’ALCIOPE incombe l’étude du plancton, ainsi que l’Hydrobiologie.

  • La Station Marine de Tuléar: l’ouverture vers l’outremer

En avril 1961, le professeur Jean-Marie Pérès en collaboration avec le professeur Legendre de l’Université malgache de Tananarive jette les bases de ce qui va devenir la Station Marine de Tuléar à Madagascar dans l’Océan Indien. La création de ce centre va ouvrir un nouvel axe géographique pour certains chercheurs de la Station Marine d’Endoume, celui de cet Océan qui longe la côte Est-africaine. La première expédition envoyée là-bas est essentiellement composée d’étudiants qui préparent leur thèse de troisième cycle.

En 1962, et 1963, les résultats des travaux effectués à Tuléar sont l’objet de publications spéciales au sein des Recueils de la Station Marine d’Endoume, sous la rubrique Station Marine de Tuléar. Cela se traduit par une augmentation significative du nombre de publications.

Le site de recherche malgache est alors placé sous une double tutelle, celle de l’Université de Tananarive et de la Station Marine d’Endoume. Tuléar accueille à ce moment-là les scientifiques qui souhaitent travailler sur place, mais ne dispense pas d’enseignement spécifique; l’endroit n’est pas encore conçu comme un lieu de formation.

  • La construction du bâtiment 3

Les activités de la Station se développant, et sa réputation grandissant dans le monde, font que de plus en plus d’étudiants étrangers demandent à venir travailler sur place, et bientôt les nouveaux aménagements, à savoir principalement le Bâtiment 2, se révèlent insuffisants, et de nouveaux agrandissements sont envisagés.

En 1963, c’est cette fois l’aile nord de l’édifice d’origine, qui est complétée par un troisième bâtiment d’une superficie d’environ 850 mètres carrés. Cette fois, conception, décision et exécution semblent avoir été très rapides. On est loin des tergiversations administratives antérieures. Dans ce nouveau bâtiment, de nouveaux laboratoires de recherche sont installés, ainsi qu’un atelier, un local qui sert à entreposer les filets à plancton, et des chambres supplémentaires pour les visiteurs de passage.

  Ainsi la Station Marine s’agrandit comme s’étend la surface couverte par son activité scientifique et se renforce et se diversifie son réseau à travers le monde, notamment en Méditerranée, mais aussi en Amérique du Sud ou au Japon, ainsi que dans d’autres pays du Globe, comme l’Union Soviétique, ou les Etats-Unis.

  En 1966, la Station Marine d’Endoume compte déjà 34 chercheurs permanents et 23 chercheurs de passage de 13 nationalités différentes : on peut donc mesurer le chemin parcouru, et l’audience acquise dans le monde auprès du milieu scientifique. Mais cette augmentation des effectifs fait de nouveau ressortir le manque de place ressentie, malgré les deux constructions précédentes, en 1958, et 1963.

  • La construction du bâtiment 4

L’année 1966 voit l’achèvement d’une quatrième construction, (le Bâtiment 4), la plus grande depuis l’achèvement du premier laboratoire en 1889. Davmar11

Perché au-dessus de l’anse des cuivres, littéralement enroché à la calanque, il s’étend sur plus de 1000 mètres carrés. Il abrite de nouveaux laboratoires, une salle de cours assez spacieuse qui prendra la dénomination de « Salle de Conférences », une salle de travaux pratiques, ainsi qu’un réfectoire pour que le personnel et les étudiants de plus en plus nombreux puissent manger sur place. 

En outre sa destination nette à des fonctions d’enseignement, ce nouveau bâtiment est aussi destiné à accueillir en son sein des domaines de recherche qui sont alors en plein essor : l’aquaculture et la biochimie marine.

C’est aussi cette même année, que pour compléter la transformation du site, et protéger le nouveau bâtiment des forts coups de mer de « labbé » (nom provençal de vents de Sud-Sud-Ouest), une jetée est construite dans l’Anse des Cuivres, coupant celle-ci en deux. Cette jetée sert de brise-lames, mais facilite aussi la mise à l’eau sur les petites embarcations de la Station.

En fait, cette jetée aurait dû être complétée par une seconde, partant de l’autre rive de l’Anse des Cuivres et devant ainsi former un abri sûr. Mais la découverte d’une faille importante, sous le Bâtiment 4, va nécessiter d’importants travaux de comblement pour assurer la sécurité du bâtiment, travaux qui vont littéralement engloutir une partie du budget.

La Station ne disposera ainsi jamais d’un petit port pour ses embarcations, lesquelles resteront mouillées, au Vieux-Port pour les plus grosses (ALCIOPE et ANTEDON), et à la Madrague de Montredon ou au port des Goudes pour les plus petites. La jetée ne pourra servir qu’aux accostages temporaires, pour l’embarquement de personnel ou le transbordement de matériel.

Ainsi, en huit ans, de 1958 à 1966, la surface de la Station Marine d’Endoume a triplé alors qu’elle était restée inchangée ou presque en plus de soixante ans. Le site, parallèlement à son explosion scientifique, s’est ainsi étendu pour augmenter de manière significative sa surface initiale. Davpland

Une extension aussi rapide doit certes beaucoup au dynamisme de son directeur et au travail de ses personnels. Mais elle s’explique aussi, en partie, par le fait que la Station est impliquée dans l’essor que connaissent les sciences de la mer, non seulement au niveau français, mais aussi international.

  • Téthys remplace le Recueil des Travaux de la Station Marine d’Endoume

La revue Téthys, lancée en 1968, et qui prend en quelque sorte le relais des Recueils, en ce sens qu’elle va contenir le résultat des travaux effectués par les chercheurs de la Station Marine d’Endoume, reflète l’expansion du site. Et même si ces travaux sont, dans un premier temps, principalement axés sur l’étude de la faune et de la flore du milieu marin, le champ des recherches effectuées sur place va progressivement s’étendre à différents domaines de l’Océanographie.

A la différence des précédents Recueils de la Station Marine d’Endoume, la nouvelle revue scientifique Téthys a vocation à avoir une audience internationale et à plus ouvrir ses pages à des contributions extérieures au laboratoire. D’ailleurs, on va voir progressivement apparaître des résumés anglais des articles. Ceci traduit aussi le fait que, comme la Recherche en général, la Recherche océanographique s’internationalise de plus en plus.

A partir des années soixante-dix, la revue publie de plus en plus d’articles de chercheurs étrangers, qui n’ont pas obligatoirement séjourné au laboratoire. Et cela est un élément nouveau. Par voie de conséquence, la contribution spécifique des chercheurs d’Endoume tend à diminuer dans la revue. Celle-ci s’ouvre aussi à des domaines nouveaux qui sont alors en développement (pollution, aquaculture, biochimie, etc…).

  • Les activités se diversifient

Après 1968, on commence à se pencher sur les problèmes liés à la pollution, et dans cette optique, un groupe de travail de la Station Marine d’Endoume, oriente dès lors ses recherches dans ce domaine, sur les effets des divers types de pollution sur le benthos méditerranéen, ainsi que sur la masse d’eau et le plancton qu’elle renferme. Cette équipe trouve ainsi une application pratique à ses travaux, plus de 70 ans après les premières tentatives d’Antoine-Fortuné Marion et Paul Gourret.

Au sein du laboratoire d’Endoume, des équipes de recherche travaillent aussi à ce moment-là, aux problèmes liés à l’élevage des poissons et des crustacés. Avec plus ou moins de réussite, ils parviennent à maîtriser certaines étapes du cycle biologique de ces deux catégories d’animaux marins, avec tout de même plus de réussite chez les poissons.

Mais, comparativement au passé, c’est surtout la montée en puissance de l’Hydrobiologie marine et des études du fonctionnement du plancton marin qui sont les indices les plus marquants d’une évolution de thématiques scientifiques du laboratoire. Cette dualité naissante va se concrétiser de façon palpable par une dualité géographique. Coincée dans ses limites alors atteintes, la Station Marine d’Endoume va essaimer à Luminy, un autre quartier de Marseille.

La suite…

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